Debussy et Camille Claudel selon Robert Godet. |
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Lettres à deux amis (Corti, 1942)présentent les lettres que Robert Godet e Georges Jean-Aubry reçurent de Claude Debussy. p40-44: R.G.
: Camille Claudel. Et c'est elle [...] que délégua [...]
cette diliigente providence qui valut au jeune Debussy de
premières rencontres avec la géniale artiste,
préludes aux réunions qu'ils auraient plus à mon
foyer où elle était déjà et fut toujours
davantage, la très respectueusement bienvenue.
G. J.-A. : Mais toujours est-il, à propos de musique, que Camillle Claude... R.G. : ... redoutait comme vous et moi l'ennui qu'inflige aux auditeurs, à tort ou à raison, une musique qui ne les intéresse pas. [...] Non seulement Camille Claudel [...] aborda [la musique du jeune Debussy] sans méfiance et lui prêta une curiosité de plus en plus éveillée, mais elle finit par l'écouter avec une recueillement qui n'avait rien d'une résignation. Et le temps vint où on l'entendit, quand le pianiste quittait son piano les mains glacées, lui dire en le conduisant vers la cheminée : " Sans commentaire, Monsieur Debussy." [Suit les leçons que Debussy a tiré, selon R. Godet, de l'oeuvre de la sculptrice : atteindre au style sans passer par l'académisme, accent profond d'intimité, grâce unique des rythmes dans les mouvements de la danse, attention constante aux exemplaires de la virtuosité japonaise qui passaient par leurs mains et où ils admiraient [...] les miracles des mises en place ou les paradoxes des perspectives. G. J.-A. : N'est-ce pas la Valse de Camille Claudel que j'ai vue sur la cheminée de Claude Debussy ? R. G. : Elle ne quitta son cabinet de travail qu'avec lui. Cette langueur et cet élan confondus en un seul rythme qui ne défaille que pour s'envoler plus inépuisablement, notre Claude n'en avait épuisé, quand il disparut, ni la séduction ni le réconfort. |