Une dédicace cachée dans la musique de Ravel - Revenir à l'index...
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Page erronée : disposant de ce texte dans la version incomplète donnée par Marnat, j'avais cru discerner ici un énième reflet de qui vous savez. Mais non, il ne s'agit ni d'elle, ni de Valentine de Saint-Point mais de la comtesse de Noailles ainsi que me l'apprend Nina Gubisch qui a vérifié la version espagnole. Je laisse cette page d'erreur, d'abord parce qu'il faut savoir assumer ses erreurs (et j'en ferai certainement d'autres) et puis parce que cet article nous pose tout de même question quant au caractère du compositeur... Comtesse de Noailles ou pas. |
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Le
Pendant féminin. |
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Dans un article de 1934, Ricardo Viñes décrit
son ami d'enfance de manière assez spéciale mais choisit
une formulation délibérément hermétique. |
1 Marcel Marnat, Ravel, Qui êtes-vous, 2 Marcel Marnat, Ravel, p503. éd. la Manufacture,1987, p. 284. |
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" Arrivé ici [Viñes vient de parler de Debussy dans le passage précédent], et pour ce qui concerne Maurice Ravel généralement connu et même revendiqué, comme très de gauche, civiquernent parlant, je dois déclarer que l'intime essence de sa spirituelle idiosyncrasie me parut toujours peu aisée à définir et d'une assez ardue et embarrassante classification par tout ce qu'elle a de complexe, et même de contradictoire. Néanmoins, j'estime aussi qu'on peut impartialement la résumer en disant: que les goûts et naturelles propensions de cet artiste prodigieux ne coïncident presque en rien avec ce qu'il croit ou veut être. Et cela par le jeu d'une sorte d'auto suggestion pleine de coquetterie que j'appellerais intro mirage ou bovarisme quintessencié, puisqu'à rebours de celu de l'héroïne de Flaubert si magistralement analysée par Jules de Gaultier qui en fait base et départ de toute une philosophie. Comme pendant à ce cas d'intromirage raffiné je pense, mais cet autre est féminin, à celui d'une grande poétesse hélas ! aujourd'hui au pays des Ombres ! qui fut une adorable créature, avantagée de tous les dons qu'accordent les Fées ou les Muses, mais dont la loufoque idéologie et enthousiasmes y annexés, aiguillèrent trop souvent les admiratives ferveurs malgré toute sa délicatesse de lyrique patricienne et par défaut de psychologique discrimination vers d'imprévus et falots spécimens de ce que la pullulante faune du monde politique universel peut engendrer de mieux, dans le pire, en fait de primaires et poitrinantes médiocrités. Mais pour en revenir à ce que je disais du complexe et contradictoire Maurice Ravel, j'indiquerai seulement, en guise de simple mais bien probant repère, ceci : que durant toute sa prime jeunesse ses auteurs favoris furent, principalement Joseph de Maistre, Baudelaire, Huysmans, Edgar Poë, Barbey d'Aurevilly et Villiers de l'Isle Adam. " |
Extrait de Trois aristocrates du son, article de Ricardo Viñes paru dans La Nación de Buenos Aires en 1934. | ||
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Quels efforts de syntaxe pour un passage somme toute incompréhensible ! Ricardo Viñes craindrait-il de nous dire trop précisément ce qu'il sait ?... Viñes parle d'un "pendant féminin", là aussi, en omettant de dire de qui il s'agit ? Comment expliquer cela ? Et qui se cache derrière cette poétesse ? Marcel Marnat propose, sans trop y croire, le nom de Valentine de Saint-Point 1. Ce personnage n'apparaît pourtant qu'une seule fois dans la biographie du même Marnat 2, et encore, c'est n'est qu'au travers de ses livres que Ravel fait référence à elle dans une lettre de 1921. |
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