Une dédicace cachée dans la musique de Ravel - Revenir à l'index ...

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La plus belle...
                idiotie !!!
Le coeur de l'horloge
La palme de la plus grosse ânerie revient sans conteste à Sébastion Bohler dans La Chimie de nos émotions (Aubanel)
L'article (p.110) s'intitule Le Boléro de Ravel, oeuvre de la folie ?
Il commence par une description du Boléro, que je vous passe puisqu'il s'agit de la pièce la plus jouée au monde (est-ce une raison pour en parler à tort et à travers ?).
La suite est trop délectable pour l'amputer de quoi que ce soit :
Il y a quelque années, des neurologues du Centre Paul Broca, à Paris on examiné en détail tous les documents traitant d'une éventuelle maladie dont aurait souffert Ravel à la fin de sa vie, lorsqu'il a composé le Boléro. Ravel aurait été atteint, pour des raisons mystérieuses, de lésions de l'hémisphère gauche du cerveau. Or, la conception et la perception des mélodies sont précisément réalisées par l'hémisphère gauche, alors que la perception des timbres est prise en charge par l'hémisphère droit. Ainsi, Ravel était dans l'incapacité d'innover en termes de mélodies lorsqu'il composa le Boléro. Il avait sa mélodie toute prête, mais ne pouvait plus la moduler. En revanche, son hémisphère droit intact lui permettait de varier la nature des instruments et des timbres sonores devant éxecuter cette mélodie. D'où un morceau fondé sur l'enrichissment des timbres à partir d'un même motif musical. Ce que certains ont qualifié d'oeuvre d'un esprit malade : en réalité, c'était surtout un esprit qui tirait le meilleur parti des capacités musicales qui lui restaient.
1° ) Laissons répondre tout d'abord à un spécialiste un autre spécialiste, musicien celui-ci.
Erik Baeck écrit :
Maurice Ravel (1875-1937) suffered from a presenile, progressive neurological disorder which annihilated his creativity in his final years. He died after craniotomy but only specultive retrospective dignoses are possible since autopsy was not obtained. Nevertheless, it is likely that Ravel's illness belong to the so-called Pick complex, which includes frontotemporal dementia, primary progressive aphasia and corticobasal degeneration. There are no valid arguments for an alleged influence of this disease on the style of Ravel's last compositions.
Ceci est le résumé d'un article de neuf pages publié en 2005. La dernière phrase s'oppose clairement à la théorie d'une incidence de la maladie de Ravel sur la qualité ou la nature de ses dernières compositions.
The Terminal Illness and Last Compositions of Maurice Ravel. Erik Baeck, in Neurological Disorders in Famous Artists, Frontiers of Neurology and Neuroscience, vol 19 Basel, Karger, pp132-140.  Le même sujet sera traité dans un chapitre de Ravel studies, à paraître (Cambridge Université Press).
2°)  Ancien élève de Polytechnique, docteur en neurobiologie, M. Sébastion Bohler aurait probablement dû écouter plus de Ravel, et, éventuellement, lire ceci ou  celà. Il y aurait appris que les deux Concertos pour piano sont postérieurs au Boléro, et ne montrent aucune difficulté à faire évoluer les mélodies. 
Bien au contraire, la connaissance de l'existence d'une dédicace cachée dans l'oeuvre de Ravel, nous montre que dans le premier mouvement du Concerto en Sol, tous les thèmes évoluent vers le même but, la même personne !
 Le Coeur de l'horloge,
 à paraître...
3°) Ravel dit avoir été influencé fortement par les idées d'Edgar Poe or l'une d'elle, la plus universellle selon le poète, est la toute-puissance du refrain. On ne s'étonnera donc pas de trouver des exemples flagrants de ce principe, dans le Boléro, ou dans le Perpetuum mobile de la sonate pour violon. Plus surprenant, inouï jusqu'alors, est l'idée d'une dédicace cachée, transcrivant un nom et un prénom, à l'échelle de l'oeuvre entier du compositeur. Idem.
4°) Enfin, n'oublions pas les circonstances de composition du Boléro. Ravel voulait orchestrer Iberia d'Abéniz pour honorer une commande de son amie Ida Rubinstein. Le pianiste Joaquin Nin lui apprit que cela avait été déjà fait et que les traités interdisaient que quiconque orchestre de nouveau cette oeuvre. Au lieu de n'avoir qu'un travail d'orchestration, Ravel, si lent d'ordinaire, devait composer une oeuvre nouvelle pour orchestre en quelques semaines seulement ! Joaquin Nin, Comment est né le Boléro de Ravel, La Revue musicale, décembre 1938.
On voit donc que ce que "certains ont qualifié d'oeuvre d'un esprit malade" est plutôt un bel exemple...  de pragmatisme !


dernière modification : jan 2008.
David Lamaze
Le Cygne de Ravel ~ Le Coeur de l'horloge