Rautendenlein... | ... ou la muse. |
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La Cloche engloutie est sans doute l'oeuvre inachevée de Ravel, qui le fut le moins (inachevée) ! Dans sa correspondance, il parle de plusieurs actes écrits. La guerre de 14-18 l'empêchera peut-être d'aller jusqu'au bout de ce projet d'opéra basé sur un livret allemand ?... Trois
élèves de la
classe d'écriture musicale du CNR de Rennes ont
tenté,
à titre d'exercice, de composer sur cette histoire une
musique
inspirée des oeuvres de Ravel . Voici le début de ce livret "rénové" qui nous montre Rautendelein bien moins maternelle que Christine Souillard ne le laisse entendre : |
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Travail
d'élève présenté aux
Champs-Libres le 15 nov. 2007 (avec quelques variantes de texte)
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Acte I, scène 1 : (RAUTENDELEIN) La scène est dans la
montagne et dans un village au pied de la montagne
Un pré dans montagne, entouré de sapins. A gauche, dans le fond, cachée à demi sous un rocher qui la surplombe, une petite maison. Sur le devant, à droite, et près de la lisiière de la forêt, un vieux puits : sur la margelle, est assise Rautendelein. Moitié enfant, moitié jeune fille, elle est de la race des Esprits. Elle peigne son épaisse chevelure, qui est d'un roux doré, puis elle s'incline sur le bord du puits et crie : RAUTENDELEIN [Holà, Ondin! Viens Hulle... Il n'entend pas] Elle se peigne à nouveau |
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Je ne sais
où je suis née,
Je ne sais où je vais : Suis-je un petit oiseau de la forêt? Suis-je une fée? Les fleurs qui, de ci, de là, poussent, Et qui parfument la forêt, Personne a-t-il appris jamais D'ou elles vinrent dans la mousse? Parfois pourtant l'envie me brûle De connaître mon père et ma mère ; Si c'est impossible, tant pis! c'est au destin que je me plie ; Je n'en suis pas moins une belle enfant de la forêt Et d'or est ma chevelure! Elle appelle de nouveau, en criant vers le puits. L'Ondin sort du puits, jusqu'au-dessous de la poitrine. Scène 2 : (RAUTENDELEIN, l'ONDIN) RAUTENDELEIN Ah,ah,ah... Beau, tu ne l'es pas!Quand tu viens à l'appel, on a la chair de poule, et un peu plus chaque fois qu'on te voit. L'Ondin, vieil esprti des eaux, a du jonc dans les cheveux, et de l'eau dégoutte de son corps. Il respire longuement, comme un phoque, et ilcligne des yeux, jusqu'à ce qu'il se soit habitué à la lumière du jour. L'ONDIN Brékékékex. RAUTENDELEIN, le singeant [Brékékékex, oui, oui. Ça sent le printemps, et ça t'étonne. La dernière des salamandres, dans le trou du mur, sait cela, comme le puceron et la taupe, comme la truite du ruisseau, comme la caille, la loutre , le rat des eaux, et la mouche, et la plante, comme le busard, dans les airs, comme, dans le trèfle, le lièvre! Toi, ne le sais-tu pas encore? L'ONDIN, offensé, se gonflant. Brékékékex RAUTENDELEIN As-tu dormi? N'entends-tu pas? Ne vois-tu pas? ] L'ONDIN Brékékékex. Ne sois pas si impertinente! me comprends-tu, singesse? oui, oui, singesse, jaune d'oeuf, vanneau demi-pondu, coque d'oeuf de fauvette! Oui,oui, couac! je te dis corax, corax! Couac, couac couac! RAUTENDELEIN Si vous vous fâchez, seigneur oncle, C'est pour moi seule que je danserai ma ronde. Toute joyeuse. Je trouverai assez de compagnons fidèles: Je suis charmante, jeune et belle. [Eila, eia ... charmante, jeune et belle!] |