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Le coeur de l'horloge
 La Revue Blanche,  une génération dans l'engagement.
Paul-Henri Bourrelier, Fayard, 2007.
Puisque la Revue blanche, en mourant, donna naissance au Canard Sauvage, citons un autre volatile dont les plumes satiriques nous sont plus contemporaines :

Un rêve de revue
La Revue blanche. Une génération dans l'engagement" (Fayard).
Paul-Henri Bourrelier revient sur cette revue qui a publié tous ceux qui étaient en train d'écrire le XXe siècle.
Il y a parfois des moments de grâce dans la vie intellectuelle d'un pays. Trois jeunes Juifs, les frères Natanson, fils de banquiers venus de Pologne, les ont offerts de 1892 à 1903 à la France de la "Belle Epoque" avec leur Revue blanche.
La liste de ses collaborateurs, de ses critiques et de ses illustrateurs donne le tournis : Alfred Jarry, Stéphane Mallarmé, Jules Renard, Henry de Toulouse-Lautrec, Léon Blum, Tristan Bernard, Marcel Proust, André Gide, Guillaume Apollinaire, Paul Gauguin, Julien Benda, Pierre Bonnard. N'en jetons plus, les colonnes de La Revue blanche sont pleines.
Contrairement à la future et compassée Nouvelle Revue française de Gaston Gallimard, La Revue blanche n'a pas ignoré l'engagement artistique. Aussi bien pour défendre la peinture des Nabis ou de Claude Monet, ignorée par les conservateurs de musée, que la musique de Claude Debussy et l'école de musique française. Sans sombrer dans le militantisme politique sommaire, son équipe, menée par les socialistes Lucien Hess et Léon Blum et par l'anarchiste Félix Fénéon, ne négligea aucun combat : pour le capitaine Dreyfus évidemment, contre la barbarie coloniale, contre le gouvernement ottoman qui massacrait les Arméniens et pour la laïcité au nom du refus de tous les cléricalismes. Mais toujours avec cette légèreté que confère parfois le talent.
Paris était certes à cette époque le centre du monde intellectuel. Mais il n'était pas question de sombrer dans le chauvinisme pour autant. Les collaborateurs des frères Natanson furent aussi, avec le concours de la flamboyante Misia, les introducteurs en France d'Ibsen, de Tolstoï, de Thoreau, de Nietzsche, de Stirner ou de Unamuno. Il y a pardois des mondialisations heureuses !
C'est l'histoire de cette passionnante revue mais aussi de cette génération unique de découvreurs que Paul-Henri Bourrelier a choisi de retracer . Bien sûr, ce livre coûte 45 euros et compte pas moins de 1 199 pages à la typographie laborieuse. Sa mise en page est aussi lourde que son poids. Mais rarement un livre offre une aussi intelligente lecture d'une des plus belles aventures éditoriales.
Nicolas Brimo (le Canard enchaîné)
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dernière modification : janvier 2008
David Lamaze
Le Cygne de Ravel ~ Le Coeur de l'horloge