Une dédicace cachée dans la musique de Ravel - Revenir à l'index ...


Le coeur de l'horloge

Le Bolero d'Anne Fontaine

  ( Ou comment faire la publicité de ma découverte, le lien caché entre Misia et Ravel, sans me citer).

        Tout d'abord, merci. Merci,  Anne,  merci, Alexandre, Raphael, Jeanne, Emmanuelle, Doria et les autres...

    Ce film m'a enchanté et ému. Pour de multiples raisons. 

    J'y  allais à reculons car j'ai souvent été déçu par les romans ou les films qui traitent des personnages qui gravitent autour de Misia. J'avais détesté le Ravel d'Echenoz, froid et sec (il avait profité de la documentation de Marcel Marnat, comme quoi les faits ne suffisent pas).  Une mauvaise critique lue par hasard, et, surtout, le décès de ma mère... J'avais l'humeur critique avant même de m'asseoir.

    Quoique le synopsis parlait de Misia, je pensais que son lien à Ravel serait juste évoqué rapidement. Bien au contraire, il est le coeur du film. Comme ce lien fut un secret durant un siècle, découvert en 2004 par votre serviteur, voir un film qui s'en fait l'écho, c'est un plaisir sans mélange. Egoîste, certes, mais un plaisir tout de même.

    Au delà de la vanité flattée, j'ai eu le plaisir musical d'un concert. Un concert uniquement composé de pièces que j'adore,  et sous les doigts, la pensée, d'Alexandre Tharaud,  le pianiste que je préfère, non seulement pour son jeu, mais aussi pour le fait qu'il n'a pas de piano chez lui. Je dis à mes élèves que l'écriture musicale n'a rien à voir avec le crayon. N'est-ce pas l'imagination du son avant tout ? S'il y a bien une personne que j'aurais aimé convaincre, c'était lui. Je l'avais entendu à Rennes, croisé devant un comptoir où il vendait ses disques, mais je lui achetai juste son Chopin, sans oser lui parler de mon Ravel à moi...  

      C'est un autre plaisir de voir participer à ce film, qui donne une belle réalisation artistique à mes idées, un si bon musicien, anisi que Bruno Coulais dont j'apprécie depuis longtemps les musiques de films, sans oublier le casting de rêve !  Raphaël Personnaz excellent, m'a vraiment donné l'illusion de voir Ravel en chair et en os.  Jeanne Balibar campe une Ida Rubinstein, sensuelle, ondulante à souhait, Emmanuelle Devos me semble très bien en Marguerite Long. Quant à Doria Tililier, elle fait une Misia encore plus belle que nature. Et c'est bien comme ça. Au cinéma, je préfère que Ravel joue comme Alexandre Tharaud plutôt que comme lui-même. 

    C'est d'ailleurs l'esprit du film : ne pas s'attacher aux détails historiques pour viser le côté humain. Qu'importe si Misia et Ravel se voyaient peut-être moins à l'époque du Boléro qu'à l'époque de la Sonatine..  Comme Anne Fontaine, je pense qu'il est possible qu'il y ait eu un premier baiser entre eux, alors qui'importe la date !

    La seule inexactitude historique qui m'a gêné, sans toutefois gâcher mon plaisir, c'était pendant le générique de fin, où la mention "Inspiré du Ravel de Marcel Marnat", m'a fait bondir. Vers 2006, lorsqu'est paru mon Cygne de Ravel, Marcel Marnat, qui n'a jamais évoqué de liaison de Ravel avec quiconque, critiqua mon roman en disant qu'il n'avait pas été convaincu. 

    Mon seul regret est que ma mère (qui avait beaucoup de points communs avec Misia) soit morte si peu de temps avant la sortie de ce film...

    Voilà, merci encore. Merci,  Anne,  merci, Alexandre, Raphael, Jeanne, Emmanuelle, Doria et les autres...

    Et si vous voulez faire une Misia, cette fois-ci, prévenez-moi avant. (Conservatoire de Rennes, salle Schoenberg)




dernière modification : mars 2024
David Lamaze
Le Cygne de Ravel ~ Le Coeur de l'horloge